La chirurgie abdominale altère la fonction respiratoire, et les complications pulmonaires sont une des premières causes de morbidité et de mortalité postopératoires. Après une analyse de l'incidence et des facteurs de risque des complications respiratoires, cette revue de la littérature examine les moyens de leur prévention et de leur traitement. L'évaluation préopératoire est surtout clinique et les épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) ne sont pas indispensables. La prédiction des complications est difficile. Certains risques comme l'âge ou le type de chirurgie sont inévitables. Souvent le temps de préparation est trop court pour améliorer l'état nutritionnel. Mais les désordres métaboliques doivent être corrigés et la consommation de tabac arrêtée 8 semaines avant l'intervention pour obtenir un réel bénéfice. Pour les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l'évaluation sera faite, si nécessaire, par le pneumologue, le kinésithérapeute, le chirurgien et l'anesthésiste. En l'absence d'examen préalable, des EFR avec examen des gaz du sang seront faites pour quantifier le trouble et évaluer les effets d'un traitement. Un patient ne devrait pas être récusé sur des critères spirométriques. La préparation, débutée au moins 24 à 48 heures avant l'intervention, comprend des antibiotiques, des bêta-2-agonistes, des anticholinergiques en aérosol, voire de la théophylline et de la kinésithérapie respiratoire. Le traitement doit continuer 3 à 5 jours en phase postopératoire. En règle générale, l'anesthésie entraîne des complications précoces, et la chirurgie des complications tardives. Les interventions par voie de cœlioscopie permettent de diminuer la morbidité postopératoire, surtout chez les patients sans antécédent respiratoire. Il n'a pas été démontré que l'anesthésie locorégionale, ou une technique particulière d'analgésie postopératoire étaient capables de diminuer les complications respiratoires. Après l'intervention, l'oxygène améliore la SaO2 mais ne prévient pas les épisodes de désaturation dus aux apnées obstructives. Les différentes techniques de kinésithérapie sont équivalentes, mais la ventilation artificielle à pression positive intermittente donne lieu à de sérieux effets secondaires et doit être abandonnée. La kinésithérapie et la spirométrie incitative sont simples, non invasives et indiquées pour traiter l'encombrement bronchique et les atélectasies. La respiration en pression positive continue est efficace contre les atélectasies. Pour les patients atteints de BPCO (stade II ou III), une prise en charge en milieu de soins intensifs et une ventilation mécanique prolongée sont parfois nécessaires.
Abdominal surgery, especially upper abdominal surgical procedures are known to adversely affect pulmonary function. Pulmonary complications are the most frequent cause of postoperative morbidity and mortality. This review article aimed to analyse the incidence and risk factors for postoperative pulmonary morbidity and their prevention. The most important means for preoperative assessment is the clinical examination; pulmonary function tests (spirometry) are not reliably predictive for postoperative pulmonary complications. Age, type of surgical procedure, smoking and nutritional state have all been identified as potential predictors for postoperative complications. However, usually there is not enough preoperative time available to obtain beneficial effects of stopping smoking and improvement of nutritional state. In patients with COPD, a preoperative multidisciplinary evaluation including the primary care physician, pulmonologist/intensivist, anesthesiologist and surgeon is required. Consensus as to preoperative physiologic state, therapeutic preparation, and postoperative management is essential. Simple spirometry and arterial blood gas analysis are indicated in patients exhibiting symptoms of obstructive airway disease. There are no values that contra-indicate an essential surgical procedure. Smoking should stop at least 8 weeks preoperatively. Preoperative therapy for elective surgery with antibiotics, beta2-agonist, or anticholinergic bronchodilator aerosols, as well as training in cough and lung expansion techniques should begin at least 24 to 48 hours preoperatively. Postoperative therapy should be continued for 3 to 5 days. Usually, anaesthesia is responsible for early complications, whereas surgical procedures are often associated with delayed morbidity. Laparoscopic procedures are recommended, as postoperative morbidity and hospital stay seem reduced in patients without COPD. Regional anaesthesia is given as having less adverse effects on pulmonary function than general anaesthesia. However, for unknown reasons these benefits are not associated with a decrease in postoperative respiratory complications. Moreover, the quality or the type of postoperative analgesia does not influence postoperative respiratory morbidity. Postoperatively, oxygen administration increases SaO2, but cannot abolish desaturation due to obstructive apnea. The various techniques of physiotherapy (chest physiotherapy, incentive spirometry, continuous positive airway pressure breathing) seem to be equivalent in efficacy; but intermittent positive pressure breathing has no advantages, compared with the other treatments and could even be deleterious. Chest physiotherapy and incentive spirometry are the most practical methods available for decreasing secretion contents of airways, whereas continuous positive airway pressure breathing is efficient on atelectasis. In stage II or III COPD patients, admission in a intensive therapy unit and prolonged mechanical ventilation may be required.